Cet opus de SLAYER est une gifle. Attention, c’est pas une grosse baffe qui fait mal avec plein de génie dedans. Non, c’est une réaction. La réaction des Kings of THRASH. Et on n’attendait pas moins ça d’eux.
Si on fait le bilan des dix dernières années, SLAYER a été successivement moyen, décevant, inutile, chiant, voire insipide ... Autant d’adjectifs qui ne siéent guère à ce combo dévastateur. God Hates Us All sonne donc le retour « colérique » - ai-je envie de dire - des guerriers californiens, et ce retour a les qualités pour nous réconcilier avec SLAYER. Ce qui n’était pas une mince affaire.
Avec cet album, SLAYER a digéré ses erreurs. Ce n’est donc pas un retour en arrière. Le nouveau SLAYER est différent, il sonne un brin néo. Qui l'eût cru ? Certains se plaisent à dire que la tornade SLIPKNOT est passée par là. Je dirais plutôt que c’est l’ouragan FEAR FACTORY, mais bon on ne va pas chipoter. Il en ressort des sonorités nouvelles, j’en veux pour preuve cette étonnante introduction « Darkness Of Christ » qui a le mérite de revendiquer un petit coté indus tout en tapant du poing sur la table. Ce préliminaire violent suivi de l’extraordinaire "Disciple", empli de rage et de haine, laissant le puissant phrasé d’Araya prendre une vitesse ahurissante, sonne d’emblée le retour à quelque chose. Je dis bien quelque chose. Car c’est un nouveau SLAYER qui vient s’imposer avec God Hates Us All, et pas celui qu’on attendait. Ce coté « surprenant » fait aussi le charme de cet album.
On retrouve au fur et à mesure la patte SLAYER (ca faisait longtemps !) à travers une haine sans nom ("Exile", "New Faith" ...), une intensité parfaitement mise en valeur à travers ses riffs sauvages, un rythme soutenu très « speed » avec le jeu brillant de Bostaph qui assène cet album de son jeu technique et puissant. A cela vient s’ajouter : un son très clair « hypra puissant », une production moderne, l’utilisation des fameux murs de gratte pour seconder le rythme de la batterie et quelques petites touches indus, voire néo non déplaisantes.
Certains titres vont dès lors ressortir plus ou moins aisément de l’ensemble. Il serait injuste de ne pas citer l’énorme « Here Comes The Pain » (morceau qui m’a réconcilié à jamais avec le groupe) : intense, accrocheur et diablement efficace. Citons aussi la superbe « Bloodline » avec son riff bien sombre et mémorisable dès les premières écoutes, qui se conclut avec un déchaînement surprenant d’Araya. Du grand SLAYER ! Je peux vous dire que ça fait du bien d’écrire ça.
Par dessus le marché, God Hates Us All est homogène (peut être un peu trop, au point d’entraîner une lègère lassitude) et propose un redoutable condensé de Thrash relooké. Prenez les très similaires « Threshold », « Warzone », « Payback » et « Cast Down » : courtes, brutales, directes, accrocheuses ... en un mot efficaces et qui résument assez bien l’aboutissement de SLAYER à faire évoluer leur THRASH old School vers un THRASH plus moderne.
Il a fallu deux/trois albums à SLAYER et près de 10 ans pour arriver à faire sonner leur Thrash différemment. « Tout ça pour ça ? » diront les plus négatifs. A ceux là je réponds : « Oui, et c’est déjà pas mal ». SLAYER est de retour et laisse entrevoir une fin heureuse à des années d'errements. Un petit rayon de soleil - répondant du nom de « God Hates Us All » - vient de percer la masse de nuages gris. Perso je sors mes lunettes de soleil et la crème solaire, si SLAYER est de retour, ça va chauffer !
1. Darkness Of Christ
2. Disciple
3. God Send Death
4. New Faith
5. Cast Down
6. Threshold
7. Exile
8. Seven Faces
9. Bloodline
10. Deviance
11. Warzone
12. Here Comes The Pain
13. Payback